Le yoga : Mon art de vivre 2/3

par | 9 Juin 2023 | État d’esprit (positif et constructif), Yoga

TEMPS DE LECTURE : 10 minutes

2. NIYAMA

Les niyamas reposent sur l’introspection et la discipline individuelle.
Il existe cinq niyamas :

  • Saucha : la pureté du corps et de l’esprit, la propreté, la clarté ;
  • Santosha : pratiquer le contentement ;
  • Tapas : la discipline, entraîner ses sens ;
  • Svadhyaya : l’introspection, l’exploration de soi et l’étude des textes anciens ;
  • Ishvara Pranidhana : le lâcher-prise et l’abandon total à une force supérieure, la dévotion.

SAUCHA

Saucha repose sur la propreté du corps et la clarté de l’esprit. Cette absence de trouble s’obtient notamment grâce à une bonne hygiène de vie, un système nerveux serein et un esprit pur. Il existe six kriyas (techniques de purification du corps et de l’esprit), permettant de faciliter la circulation du prana (l’énergie).  Celles que je pratique sont Neti (le nettoyage des narines), Nauli (le brassage abdominal), le Pranayama Kapalabhati (la respiration détoxifiante), Dhauti (le nettoyage du système digestif, via le Jhiva Dhauti (le gratte-langue, qui la débarrasse de ses toxines).  Mon environnement est saucha lorsque mon logement et mes relations sont salubres. Je pratique la saucha corporelle, en me lavant bien (le corps, le visage et les dents), en me nourrissant sainement, en passant du temps dans la nature, en faisant 2-3 fois par semaine des séries d’asanas (postures), puis en prenant parfois des bains glacés. Quant à la saucha de mon esprit, elle est également possible grâce à la méditation (dhyana), à l’écriture, qui pose sur papier ce qui engendrait des doutes, de la confusion ou de l’agitation en moi. Par ailleurs, la pleine présence me permet de rester centrée face à l’agitation émotionnelle. Au lieu d’enfouir des charges émotionnelles en moi-même, je préfère méditer ou communiquer mes états d’âme à autrui, afin de ne laisser aucune charge se cristalliser et bloquer la fluidité de mon corps, ni parasiter ma sérénité psychique. D’ailleurs, j’essaie d’accueillir toutes mes émotions, même celles qui sont désagréables (tristesse, peur, colère), puisqu’elles ont toutes un message à me communiquer et que c’est ainsi qu’elles pourront circuler, jusqu’à se décharger. Finalement, plus mon corps est sain, propre et pur, plus mon esprit est calme et centré, les deux étant intimement liés. De même, quand mon esprit est pur, ma parole l’est aussi. Ainsi, mes dires et la manière dont ils sont exprimés sont filtrés, pour censurer la négativité, l’inutile et/ou le nuisible. Quant à mes pensées, je les oriente autant que possible sur des sujets vertueux, agréables et positifs. Ainsi, mon action saucha est également bénéfique pour mon entourage. Cette pratique me semble plus difficile lorsque je suis fatiguée, déprimée et surchargée.  Or, saucha arrive donc quand le corps est pur, la pensée est claire. Ainsi, on peut recevoir le négatif et le trier plus facilement, puisque ma détermination à m’en libérer sera plus forte que son emprise.

SANTOSHA

« Par la pratique du santosha (du contentement), on connaît le plus haut degré de bonheur. »[1] Ce principe va à l’encontre de l’idée préconçue : « je serai heureux(se) quand… ». Santosha est un état d’esprit constant, qui oriente les pensées, les actions, les paroles, afin de trouver la satisfaction ici et maintenant, peu importe ce qui est. Cela n’empêche pas d’avancer vers son idéal de vie, mais on le fait depuis un espace dans lequel l’on est satisfait(e). Santosha s’exprime par la gratitude. Personnellement, j’aime remercier quotidiennement la vie de tout ce dont je suis reconnaissante (i. e. d’être en vie et en bonne santé, d’être entourée de ceux que j’aime, de la bonne nouvelle reçue, du super moment que je viens de vivre, de mes progrès, etc.). Tout cela n’est pas un dû, mais un cadeau précieux de la vie et j’en suis profondément heureuse. Il m’arrive quelquefois d’être de mauvaise humeur et, malheureusement, d’oublier santosha. Le mantra qui me rappelle à l’ordre est de me souvenir que ma vie est pleine de petits miracles. L’humain étant d’ailleurs câblé pour voir davantage tout ce qui ne va pas (héritage de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs qui devaient se méfier des baies toxiques pour survivre), il est donc nécessaire de compenser cette tendance à la négativité par la pratique assidue de la gratitude, c’est-à-dire de reconnaître et d’apprécier ce qui va bien. La satisfaction se trouve en soi-même et non à l’extérieur. Il est donc important de vivre pleinement chaque instant, dans un état de paix intérieure, sans ressentir de manque ni la volonté d’obtenir plus. Il est difficile de pratiquer santosha lorsque l’on fait face à la maladie, au deuil, que l’on vit une déception, une déprime ou une dépression, de la tristesse ou de la colère. Malgré tout, il est possible d’entraîner son esprit à cela avec l’appui de tapas.

« Centre-toi pour vivre selon tes valeurs,
tes besoins, priorités et envies.
Toutes tes réponses sont en toi et non à l’extérieur.
 »

– Justine –

TAPAS

Tapas est l’ascèse, notre discipline constante et enthousiaste qui élimine ce qui nous encombre. Cette exigence intérieure permet notamment de brûler les toxines corporelles, d’éliminer les pensées parasites et les surcharges émotionnelles qui voilent l’état de pure conscience, notre Soi.  Ainsi, c’est à travers l’effort quotidien et une conduite rigoureuse, que l’on assainit le corps et l’esprit. Je pratique tapas au niveau de mon corps, notamment en marchant chaque jour, en pratiquant des activités physiques et cardiovasculaires plusieurs fois par semaine (i. e. le yoga, l’équitation, la course à pied, le vélo), pour que mon duo corps & esprit fonctionne idéalement. Après coup, je me sens systématiquement mieux. Effectivement, l’effort est récompensé, car « le fait d’être pur engendre la bonne humeur, la concentration d’esprit, la maîtrise des sens et la faculté d’être en relation avec la conscience profonde »[2]. Les exercices de respiration (pranayama) et le fait d’adopter une pensée positive, une parole impeccable (vraie, constructive et agréable) font également partie de mes tapas. De plus, il me semble que le fait de se focaliser sur la finalité, sur les véritables raisons pour lesquelles nous faisons ce que nous faisons, permet de se motiver à l’effort, de sortir de sa zone de confort et de se dépasser. Par exemple, celles de vivre sereinement, de s’épanouir, de rechercher l’harmonie et la justesse animent ma volonté d’incarner tapas.

SVADHYAYA

Svadhyaya repose sur l’étude des textes sacrés et la connaissance de soi. Puisque « les raisonnements justes s’appuient sur la perception claire, la déduction, la référence aux textes sacrés »[3], tels que la Bhagavad Gîtâ, le Veda, les Upanishad, les Yoga-Sutras, etc. Effectivement, leurs enseignements nous offrent des clés de compréhension universelles quant à nos questionnements et à ce qui entrave l’humain, afin de dissiper nos doutes. Ces guides spirituels et philosophiques aiguisent notre réflexion. Ainsi, s’y référer tout au long de notre vie permet de se délivrer, de vivre avec sagesse et davantage de justesse. Pour ma part, c’est l’ouvrage de Patañjali qui a le plus résonné en moi, car il est, je trouve, à la fois concis, pertinent et complet. Quant à l’introspection, c’est mon cheval de bataille depuis mes 15 ans. Nous avions, à l’époque avec mon amie Lara, un cahier dans lequel nous écrivions régulièrement nos objectifs, nos pensées, nos prises de conscience, nos points forts et nos axes d’amélioration, nos croyances limitantes, nos blessures émotionnelles majeures, nos distorsions cognitives, etc. Puis, récemment, à force d’apaiser mon mental et de me centrer continuellement, j’ai véritablement compris que « seule l’écoute intérieure permet[tait] d’appréhender le subtil, la dimension divine. »[4] De même qu’être à l’écoute de mon corps, de ses besoins et de ses limites, me permettait de fixer le baromètre au bon endroit, pour me pousser certes, mais jamais au-delà du raisonnable, puis de respecter les cycles d’action et de repos.  En définitive, cette quête de la vérité mêlée à cet état d’intériorisation nous ouvre à l’union avec le divin et cela attribue un sens profond à l‘existence.

ISHVARA PRANIDHANA    

Ishvara Pranidhana est la dévotion au Seigneur, le fait de s’abandonner pleinement à une force supérieure, au divin, puisque « par l’abandon à Dieu, on parvient à l’état de pure conscience »[5]. Ce qui m’aide à cela est de faire preuve d’une profonde humilité, foi, réceptivité et d’incarner la joie et l’amour. En effet, je suis convaincue que notre condition humaine est extrêmement limitée face à l’Insaisissable Absolu. Dans la mesure où les caractéristiques du divin sont, selon moi, notamment les valeurs précitées, je pratique Ishvara Pranidhana en me laissant guider par celles-ci. Ainsi, mon leitmotiv est d’agir avec mon cœur plutôt qu’avec ma tête, en me connectant à mes intuitions, m’indiquant la juste guidance et m’offrant les réponses à mes questions. Selon moi, le cœur sait. Or, il est nécessaire de créer les conditions de sérénité intérieure pour permettre son écoute, afin de parvenir à l’entendre. J’ai réalisé que, lorsque la situation est « juste », mon cœur est relaxé, son énergie s’ouvre et ce ressenti est agréable, puis les événements se déroulent avec fluidité. Alors que, lorsque la situation n’est « pas juste », mon cœur se comprime, il se « durcit » et le ressenti est plutôt désagréable, puis des complications surgissent des événements. Par ailleurs, j’ai pu observer que, plus je cherche à contrôler les choses, plus je me mets des bâtons dans les roues. Alors, je préfère me laisser mouvoir par ce flux divin : communier, prier, accueillir ce que la vie semble mettre sur mon chemin, dans un subtil équilibre entre planification et lâcher-prise, tout en évitant d’être dirigée par mes peurs ou mon ego. In fine, Ishvara Pranidhana élève les vibrations à l’amour et à la joie, car on agit selon notre dharma[6], en faisant le Bien en soi-même et autour de soi.

3. ASANA

Les asanas représentent la pratique des postures du yoga : « Sthira Sukham Asanam »[7]. Sthira représente le fait d’être ferme, stable, compact(e), solide, inébranlable, statique et même courageux(se). Sukham indique ce qui est confortable : l’aisance, l’agréable, la douceur, ce qui est heureux, le juste endroit. Asanam est la posture de yoga. Cet équilibre entre sthira et sukham est donc à rechercher tout au long de la pratique, ainsi que dans la posture assise lors de dhyana (la méditation). Chaque posture est donc incarnée avec rigueur, fermeté, mais sans tension, dans le respect du corps, pour « aller aussi loin que possible dans la prise d’une posture sans pour autant créer des tensions »[8]. Je recherche désormais cette harmonie même lorsque je danse, monte à cheval, etc. Ainsi, la quête de Gérard Blitz, c’est-à-dire celle « d’être fermement établi dans un espace heureux », résonne particulièrement en moi, bien que cela n’ait pas toujours été évident. J’avais tendance à trop me pousser lors de ma pratique (excès de sthira). À force d’être trop exigeante envers mon corps, je me suis blessée plusieurs fois (inflammation du moyen fessier droit, douleur au péroné et au psoas). J’ai dès lors appris à tendre à davantage de sukham, à être plus à l’écoute des besoins de mon corps, à apprendre à lâcher prise, à me détendre. Aujourd’hui, je pense avoir trouvé un bon équilibre lors de l’exécution de mes asanas, de même qu’entre les postures ou encore dans l’attitude que j’adopte en dehors de mon tapis, même s’il faut régulièrement que je me le rappelle. Par ailleurs, ma gratitude demeurera infinie envers hanumanasana, puisque cette posture a transformé ma vie. En effet, lorsque mon bassin a atteint le sol pour la première fois, cela a libéré tant d’énergie que ce flux a entraîné un tsunami de prises de conscience sur son passage. J’ai réalisé que je refusais une relation de couple, non pas parce qu’il n’y avait pas de sentiments, mais parce que le vrai Amour et l’intimité sincère me terrorisaient. C’est donc grâce à hanumanasana, que Raphaël et moi-même avançons depuis 5 ans main dans la main, promis l’un à l’autre.

4. PRANAYAMA

Pranayama représente la maîtrise du souffle. Sa caractéristique est « la cessation de la perturbation de la respiration » et cela « intervient quand on a maîtrisé Asana »[9]. Ma respiration a souvent été hachée, superficielle alors je porte fréquemment ma conscience dessus pour l’approfondir. Aujourd’hui, j’ai une fascination pour le souffle qui est, je trouve, un outil divin. En effet, la maîtrise de la respiration est bénéfique pour notre santé : elle a le pouvoir de réduire notre stress, de nous apaiser ou de nous revigorer, d’améliorer notre digestion et la circulation des énergies, elle permet de mieux dormir, ainsi que d’aiguiser sa concentration. De surcroît, ce merveilleux et puissant cadeau de la vie est en chacun(e) de nous, disponible à chaque instant. Alors pourquoi s’en priver ? « Les mouvements de la respiration sont l’expire, l’inspire et la suspension. En tenant compte de l’endroit où se place la respiration, de son amplitude et de son rythme, on obtient un souffle allongé et subtil. » Mes asanas s’améliorent souvent quand je pratique ujjayi (la respiration victorieuse). Par ailleurs, ce qui m’apaise particulièrement est la cohérence cardiaque, ainsi qu’anuloma viloma (la respiration alternée). C’est cependant en soufflant puis en émettant le son [s] que mon stress et mes surcharges émotionnelles s’évacuent le plus efficacement. En outre, lorsque je me sens agitée, j’expire plus que je n’inspire et inversement quand je manque d’énergie. Depuis peu, je pratique également bhastrika (la respiration du soufflet du forgeron) et kapalabhati (la respiration de feu), qui me réénergisent et détoxifient. J’ai également pris l’habitude, quand je suis traversée par des émotions fortes, de ralentir pour me recentrer par le souffle, en l’étirant pour expirer lentement les énergies parasites. Ainsi, mon esprit s’apaise et mes états d’âme se régulent. Le souffle permet également de communier avec ce qui est subtil, ainsi « ce qui cache la lumière se dissipe »[10]. La pratique de pranayama nous apporte tellement de bienfaits, le souffle est un réel refuge. Il ne change jamais, la vie s’écoule continuellement dans notre être si on sait bien l’écouter. L’ego s’apaise et communique de plus en plus profondément avec ce qui est subtil pour se dissiper et laisser la lumière briller.

Image de bas de page de l'article Je Réalise " Le yoga : Mon art de vivre 2/3 ", sur laquelle l'on voit Justine faisant du yoga.

[1] Patañjali, « II.42 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.107

[2] Patañjali, « II.41 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.106

[3] Patañjali, « N°7 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.199

[4] Patañjali, « II.44 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.109

[5] Patañjali, « N°45 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.208

[6] Dharma = peut être traduit par « mission de vie ». « On dit que tous les êtres doivent accepter leur dharma pour que l’ordre et l’harmonie existent dans le monde. Si un individu suit son dharma, il poursuit son véritable appel et sert tous les autres êtres de l’univers en jouant son vrai rôle. Lorsque votre vie est alignée sur votre dharma, elle apporte un sentiment de joie et d’accomplissement. » Source

[7] Patañjali, « II.46 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.110

[8] Patañjali, « II.8 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.75

[9] Patañjali, « N°49 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.208

[10] Patañjali, « II.52 », Yoga–Sutras (trad. française et commentaires de Mazet F.), Albin Michel (1991), p.114

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