Se libérer des 5 messages contraignants

par | 3 Juin 2021 | Croyances & Valeurs

TEMPS DE LECTURE : 8 minutes

L’amour d’un parent pour son enfant est habituellement inconditionnel. Or, parfois nous apprenons que pour être aimé(e), apprécié(e) et reconnu(e), nous devons, au choix : être parfait(e), être fort(e), faire plaisir, faire des efforts ou se dépêcher.

L’analyse transactionnelle appelle « messages contraignants » ces 5 injonctions :

  • « Sois parfait(e) ! »
  • « Sois fort(e) ! »
  • « Fais plaisir ! »
  • « Fais des efforts ! »
  • « Dépêche-toi ! »

L’aspect contraignant provient du caractère excessif de ces injonctions, mais assouplir ces croyances est possible, pour retrouver un équilibre, un pouvoir et une liberté intérieurs. Chaque injonction a ses avantages, ses inconvénients et pilote généralement nos comportements à notre insu.

« SOIS PARFAIT(E) ! »

Lorsque l’on est guidé(e) par la croyance « Sois parfait(e) ! », on est très exigeant(e) envers nous-même et envers les autres. On est rarement satisfait(e) de ses propres accomplissements, ni de ceux des autres, car « ce n’est jamais assez bien ». Souvent déçu(e) par le travail d’autrui, déléguer est difficile et l’adage « on n’est jamais mieux servi(e) que par soi-même » est bien ancré.

LES ATOUTS

Être exigeant(e) envers soi-même est un atout majeur : on ne cesse dévoluer. La barre est constamment placée plus haut et on donne le meilleur de soi-même, aussi bien physiquement, qu’intellectuellement. Nous sommes méticuleux, avons le souci du détail et recherchons la qualité partout. Grâce à nos standards élevés, on se façonne une vie de qualité.

Un perfectionniste attendra la même chose des autres. Ainsi, il poussera son entourage à déployer son potentiel. Il motivera à apprendre, à évoluer, pour éviter la stagnation.

LES INCONVÉNIENTS

La qualité est au rendez-vous, l’expertise aussi, mais l’exigence extrême et systématique est difficile à vivre pour soi-même, comme pour autrui. On n’est jamais content de soi, ni des autres. On se montre toujours à la hauteur, mais on ne se rend pas compte que notre niveau d’exigence est extrême.

On risque aussi de se noyer dans un océan de détails, au lieu d’aller à l’essentiel.

Puis « il n’est pas question de se reposer, s’il reste des choses à faire » : les rares fois où l’on s’occupe de soi, la culpabilité nous rattrape.

Un individu « Sois parfait ! » évite de déléguer. S’il n’a pas le choix, il surveille tout jusqu’à être hyper-contrôlant. L’effet est oppressant pour celui qui le subit (enfant, conjoint, employé ou collègue), qui n’a pas le droit à l’erreur. Il a le compliment difficile et relève immédiatement les erreurs ou les failles. Sa pression constante du « tu peux mieux faire », « c’est bien, mais », décourage les victimes des « Sois parfait(e) ! », qui en concluent que pour être aimées, il faut toujours faire plus, faire mieux. Elles finissent démoralisées.

Cette quête de la « sur-performance » procure la terreur de l’échec. Rire de soi devient difficile et la crainte de ne pas être à la hauteur paralyse notre progression. On sabote ainsi nos opportunités d’évoluer, en évitant les épreuves.

Sans la certitude du succès, nous ne nous lançons pas. De crainte d’échouer, nous ne terminons pas ce que nous avons commencé. Pourtant, débuter signifie tomber et se relever. Maîtriser ne vient qu’après avoir persévéré. Ainsi, en évitant les défis on se limite.

DES SOLUTIONS

Lâcher prise sur les résultats ; ne plus chercher à tout contrôler ; accepter l’échec ; repérer et se féliciter de ses progrès ; remarquer quotidiennement les actions positives d’autrui et les complimenter ; apprendre à rire de soi ; se jeter à l’eau même lorsqu’on ne se sent pas prêt et terminer nos projets, même lorsque l’on peut encore mieux faire, car les améliorations sont infinies. Oser les défis, se répéter le mantra : « La perfection n’existe pas. Ainsi, j’ai le droit à l’erreur, comme tout le monde. »

« SOIS FORT(E) ! »

Le second message contraignant est celui du « Sois fort(e) ! ». Il s’agit ici d’agir tel un surhomme, qui doit se montrer robuste et se débrouiller seul.

Un enfant confronté à un choc outraumatisme mûrira vite. S’il est (ou se sent) seul pour y faire face, il apprendra qu’il ne peut compter que sur lui-même. Ainsi, il perdra rapidement son insouciance.

Comme le « Sois parfait(e) ! », les « Sois fort(e) ! » sont exigeants avec eux-mêmes et avec les autres, ils considèrent que dans la vie, chacun doit se débrouiller seul.

LES ATOUTS

Sa force le rend solide, responsable et autonome. Il a une bonne gestion émotionnelle et peut encaisser beaucoup, garder son cap et se sortir la tête de l’eau dans les moments difficiles. La pression et les crises sont gérées avec sang-froid, ce qui bénéficie à sa vie professionnelle et familiale.

LES INCONVÉNIENTS

En apprenant qu’il faut serrer les dents, en arrêtant « de pleurer comme une fille », on passe outre ses émotions et ses besoins, tel un masochiste qui s’inflige inutilement de la douleur. Puis, comme on ne s’écoute pas, on n’apprend pas nos limites physiques, psychiques et émotionnelles. À terme, on risque de se blesser, de faire un burn-out ou de tomber gravement malade. Si on n’écoute pas les alarmes de notre corps, il nous y obligera.

Les « Sois fort(e) ! » rencontrent fréquemment des problèmes relationnels et ont peur de la trahison. Ainsi, ils ne font confiance à personne. Puis, ne laissant jamais transparaître leur vulnérabilité, ils laissent entendre qu’ils n’ont besoin de personne, qu’ils sont « anti-dépendants ». Une femme « Sois forte ! » risque d’agir de manière castratrice envers son conjoint, en imposant ses volontés sans rechercher le consentement.

Cette carapace de protection empêche l’intimité, qui leur fait peur. Or, avec nos proches, il est important de quitter l’armure, d’ouvrir son cœur et d’accepter d’être à nu. La relation est alors complice et durable. Les moments compliqués sont traversés main dans la main. On ne se sent plus seul(e).

DES SOLUTIONS

Accepter de lâcher prise et d’accueillir ses émotions, apprendre à s’écouter et à se livrer à ses proches en osant l’intimité. Commencer à faire confiance aux personnes respectueuses et à accepter d’être aidé(e), pour ne pas systématiquement tout faire seul(e). Penser : « J’ai le droit d’être aidé(e) et de m’écouter. » Au niveau relationnel, demander l’avis de l’autre plutôt que d’avancer uniquement selon ses envies personnelles.

« FAIS PLAISIR ! »

Soumis à cette croyance, on pense : « Si je ne fais pas plaisir aux autres, ils ne m’aimeront pas. » On apprend, à tort, que l’amour est conditionnel ; qu’il faut faire et s’oublier pour être aimé.

LES ATOUTS

Une personne « Fais plaisir ! » est très appréciée et fait généralement l’unanimité. Sa générosité la rend serviable et sympathique. Elle a une faculté à dissoudre les tensions, à agir en médiateur, pour résoudre les conflits.

LES INCONVÉNIENTS

Sa crainte du rejet fait qu’elle n’exprime ni ses préférences, ni ses opinions : « je ne sais pas », « comme tu veux », « c’est toi qui choisis »… Ce qui la rend indécise et influençable.

Et sa soif d’être aimée fait passer ses besoins en dernier. À force, reconnaître ses désirs et affirmer ses besoins devient fastidieux. Cette personne n’ose pas dire « non », ni fixer ses limites.

À donner beaucoup sans recevoir en retour, nous agissons en « sauveur ». Le danger est de se faire manipuler.

On finit par être déçu(e) et frustré(e) : « Je fais tout pour tout le monde et personne ne fait rien pour moi ! » Du mode « sauveur », on bascule alors au mode « victime ».

DES SOLUTIONS

Réaliser que dans mon quotidien, je donne plus que je reçois et observer le phénomène en me demandant : « Quelles sont les personnes qui donnent plus, prennent plus ou sont dans un bon équilibre du « donner et recevoir » ? » Puis, donner en conscience aux personnes qui sont dans ce juste équilibre et se freiner à donner à celles qui ne retournent pas la pareille… Je m’assure de recevoir, car je suis digne de cela, « je (le) mérite parce que je suis ». Ainsi, j’ose être fidèle à moi-même, en affirmant mes envies, mes besoins et mes limites. C’est en renforçant mon estime personnelle et en « m’autorisant » que je me libérerai du dictateur « Fais plaisir ! ».

« FAIS DES EFFORTS ! »

L’effort fourni a plus de valeur que le résultat. Travailler dur est mieux récompensé qu’une réussite facile.

LES ATOUTS

Guidée par « Fais des efforts ! », la personne donnera systématiquement le meilleur d’elle-même et prendra sur elle-même lorsqu’il le faudra. Son tempérament déterminé et persévérant l’aidera à atteindre ses buts.

LES INCONVÉNIENTS

Se complaisant dans le compliqué, il lui arrive de faire de chaque situation un problème. Puis, lorsque l’effort est automatique, la joie de vivre n’est plus. Ce qui peut la rendre désagréable à fréquenter.

Par ailleurs, pensant qu’il faut forcément en baver pour parvenir à ses buts, toute réussite facile sera critiquée, sinon peu valorisée. Puis, son habitude de travailler dur l’amènera parfois à brasser de l’air, pour avoir l’impression d’être utile.

DES SOLUTIONS

Se focaliser sur les solutions et non sur les problèmes, accepter qu’il ne soit pas forcément nécessaire de peiner pour réussir et garder foi en ses capacités et en soi. J’applique « après l’effort, le réconfort », je m’autorise les petits plaisirs de la vie et à faire ce qui me rend joyeux.

« DÉPÊCHE-TOI ! »

Dans notre société au rythme effréné, il faut que tout aille vite : « Dépêche-toi ! », « Je t’attends ! », « On va être en retard, « Active-toi un peu, « Tu me fais perdre mon temps. »

Les « Dépêche-toi ! » ont besoin que les choses aillent vite. Il faut toujours accomplir plus en un minimum de temps.

LES ATOUTS

La dynamique action-réaction des « Dépêche-toi ! » les rend particulièrement efficaces. Ils sont vifs, alertes et stratégiques. Ils anticipent les problèmes et les règlent rapidement.
Ils accomplissent beaucoup en un temps record.

LES INCONVÉNIENTS

Le revers de la médaille est qu’ils agissent constamment dans l’urgence et trépignent d’impatience. Cette pression est stressante pour eux-mêmes, comme pour ceux qui les accompagnent.

Le risque est de perdre en qualité de vie et d’écoute, tous deux nécessaires à l’épanouissement. Lorsqu’on est « Dépêche-toi ! », on ne saura pas savourer et nous favoriserons la rapidité à la qualité.
À force de « foncer tête baissée », on ne réfléchit pas assez et on ne prend pas le temps nécessaire pour apprendre de ses erreurs et pour agir judicieusement.

Comme les « Fais des efforts ! », ils peuvent s’agiter, afin d’avoir l’impression d’être rapides et efficaces, mais ils gagneraient en efficacité en se posant.

DES SOLUTIONS

Respirer, être présent à ce que l’on fait, ressentir nos émotions et nos besoins, agir et parler plus lentement, comprendre que la notion d’urgence est souvent relative et pas forcément nécessaire. Développer l’écoute et se laisser le temps de découvrir, d’apprendre et d’analyser.

Ne pas être constamment dans l’anticipation et repenser aux expériences passées, pour en tirer des leçons qui nous serviront à l’avenir. Accepter l’idée que, quelquefois, lever le pied est bénéfique, en se disant : « Je m’autorise à ralentir, à souffler et à savourer. »

Se demander : « Après quoi est-ce que je cours ? » « Qu’est-ce que je fuis ? » « À quoi correspond le vide ressenti dans les moments de calme, d’inaction ou de solitude ? » « Serait-ce la peur de la mort ? » Si c’est le cas, je peux apprendre à l’accepter, ainsi qu’apprivoiser la solitude.

CONCLUSION

Finalement, ces croyances nous sont bénéfiques lorsqu’elles ne pilotent pas tous nos faits et gestes à notre insu. Ainsi, notre vie et nos relations s’améliorent quand on choisit consciemment d’activer ou non les messages qui se jouent habituellement en nous.

Comprendre que l’amour ne se gagne pas en faisant, en étant ou en achetant l’autre est libérateur. On est dignes d’amour tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, sans avoir à être ou à faire différemment.

Après tout, quel serait le pire cas de figure à ne pas être « parfait(e) », « fort(e) », à ne pas me « dépêcher », à ne pas « faire plaisir » ou « faire des efforts » ? Admettre que je ne risque pas grand-chose m’aidera à m’affranchir de ces injonctions…

En toute circonstance, je remplace mon message limitant par ce mantra :

« Je le peux,
J’ai le droit,
Je le mérite. »

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