Apprivoiser nos émotions

18 Déc 2024 | Gestion de la déception, Gestion du stress, Gestion émotionnelle

TEMPS DE LECTURE : 6 minutes

Qu’est-ce qu’une émotion ?

Le terme « émotion » provient du latin movere signifiant « mouvement ». Nos émotions sont donc des forces qui nous poussent à agir, à bouger, à réagir. Ainsi, elles nous permettent de nous adapter à notre environnement, pour entre autres améliorer nos relations et nous protéger des dangers.
Présentes dans notre cerveau et dans notre corps, nos émotions nous aident à comprendre ce qui se passe en nous et autour de nous.

Nos émotions donnent du sens à notre existence et influencent notre perception de la vie. Cependant, si elles sont présentes trop longtemps, certaines de nos émotions peuvent peser sur nous, sur notre santé mentale et nos relations. Se mettre en mouvement (marcher, faire du sport, s’exprimer à travers des activités créatives, etc.) est une manière efficace de les faire circuler et d’aller mieux.

Il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » émotion, ni d’émotion « positive » ou « négative », car elles ont toutes un rôle spécifique à jouer dans notre vie. Certaines sont agréables (joie, excitation, etc.), d’autres désagréables (peur, colère, tristesse, anxiété…). Il est absolument normal de ressentir toute la palette des émotions. Baigner dans un bien-être permanent est clairement impossible, nous vivons tous des hauts et des bas inévitables. Alors comment faire face aux émotions douloureuses pour souffrir moins (en fréquence, durée et intensité) ?

Les six émotions de base (selon la théorie de Paul Ekman : la joie, la peur, la colère, la tristesse, le dégoût et la surprise) sont des réactions automatiques face à des stimuli externes (perçus par nos cinq sens) ou internes qui ont pour fonction de nous permettre de nous adapter à notre environnement. Parmi les stimuli externes, il y a les paroles entendues, les comportements d’autrui, la vue de quelque chose, d’une situation ou de quelqu’un, une sensation ou une odeur particulière, qui peuvent d’ailleurs activer nos déclencheurs émotionnels… Les stimuli internes sont les pensées agréables et désagréables : se souvenir d’une expérience passée (la savourer ou la ruminer), anticiper une situation future (craindre le pire ou imaginer le meilleur), etc.

Quels sont leurs rôles ?

En plus d’assurer notre survie, nos émotions nous permettent de nous adapter à notre environnement. Par exemple, la peur nous fait éviter les dangers ; la joie renforce les comportements agréables et vertueux tout en révélant ce qui nous anime.

Elles jouent un rôle fondamental dans notre bien-être et dans l’harmonie de nos relations, car elles sont les messagères de nos valeurs, préférences et besoins.
Nos émotions influencent nos choix et nos actions. Une émotion agréable est un moteur qui nous pousse à aller vers ce qui nous plaît/attire, alors qu’une émotion désagréable est un frein qui nous éloigne de ce qui nous déplaît/répulse.

Dans la mesure où nos émotions sont exprimées et reçues sainement, elles nous permettent de mieux entrer en résonance (compréhension, empathie, soutien…) les uns avec les autres, car elles dévoilent ce que l’on ressent intérieurement, et inversement, nous permettent de percevoir ce que les autres vivent. En effet, notre langage verbal et non verbal (expressions du visage, attitudes…) et nos comportements indiquent notre état émotionnel aux autres, qui pourront le prendre en compte et s’y adapter ou non.

Exprimer nos émotions nous permet de nous libérer de nos surcharges émotionnelles. En évacuant ce trop-plein, on revient à un équilibre, comme le calme après la tempête.

Intensité, durée & fréquence

L’intensité, la durée et la fréquence des émotions ressenties varient.

Ainsi :

  • Une peur de faible intensité est une appréhension; une peur accrue devient de la terreur. Si la peur dure, cela peut mener au sentiment d’insécurité et de danger, au stress chronique, à des phobies, à l’anxiété et aux crises d’angoisse, etc.
  • Une colère de faible intensité est un agacement, une irritation, une contrariété; une colère accrue et non canalisée peut engendrer des comportements malsains autodestructeurs et/ou destructeurs, c’est-à-dire nuisibles à nos relations, à notre vie. Si la colère dure, elle peut se transformer en sentiment de haine profonde.
  • Une tristesse de faible intensité est une peine, un petit chagrin ; une tristesse importante peut mener à la mélancolie, à la déprime voire au désespoir. Si cet état dure, il peut aboutir à de la dépression.

Nos états émotionnels ne durent généralement que quelques secondes ou minutes, cependant nos humeurs peuvent, elles, durer des heures voire des jours. Prendre du recul et se questionner sur l’intensité, la durée et la fréquence de nos émotions est très important, afin d’évaluer s’il s’agit d’un schéma répétitif limitant.

Leurs messages

Bien qu’inconfortables et/ou douloureuses, nos émotions désagréables ont de précieux messages pour nous !

La peur Elle nous prépare à réagir face à une menace, à l’inconnu ou à un danger imaginé ou réel. Elle déclenche nos mécanismes de défense pour nous protéger, en anticipant les risques.

La colère Souvent perçue comme négative, elle est pourtant cruciale. Elle nous indique qu’on ressent de l’injustice, une frustration, une menace et/ou qu’une de nos limites a été dépassée et qu’il est temps de s’affirmer en refusant ce qui ne nous convient pas. La colère nous pousse à (ré)agir, nous défendre et/ou nous faire respecter.

La tristesse Elle indique que nous vivons une perte (et révèle notre degré d’attachement à ce que nous avons perdu), une déception, une épreuve douloureuse à surmonter. La tristesse nous aide, avec le temps, à tourner la page. Quand on est triste, on se sent vulnérable et impuissant(e), ce qui est inconfortable. On peut vouloir fuir la tristesse, or l’accepter et la ressentir pleinement est essentiel pour évacuer notre surcharge émotionnelle et retrouver notre paix intérieure. Nos larmes libèrent du cortisol, notre hormone du stress.

Se libérer de nos conditionnements

Nos blessures émotionnelles, nos traumatismes, nos principes et croyances limitantes conditionnent la façon dont nous accueillons et vivons ou non nos émotions.

Ainsi, on peut être à l’aise avec certaines émotions plus qu’avec d’autres. En grandissant, on a peut-être appris que la colère était malvenue, perçue comme inappropriée, un manque de maîtrise de nos nerfs, ou bien qu’exprimer notre tristesse était un manque de pudeur, un signe de faiblesse, une trop grande vulnérabilité.

Le climat relationnel dans lequel on a vécu et dans lequel nous sommes actuellement influence nos émotions et constitue notre bagage émotionnel.
Ces conditionnements parfois limitants peuvent impacter négativement notre vie. Par exemple, si on a pris l’habitude d’ignorer et d’étouffer notre colère ou notre tristesse, le risque est que ce trop-plein pèse sur nous jusqu’à exploser et/ou déclarer des symptômes psychosomatiques, un burn out, voire une maladie.

Comment gérer nos émotions ?

Apprendre à gérer nos émotions ne signifie pas les supprimer ni lutter contre elles, mais plutôt les reconnaître, les comprendre, leur donner l’espace nécessaire pour s’exprimer, afin de mieux les traverser.

En effet, développer notre capacité à identifier nos émotions, à accepter de les ressentir sans les juger, à les canaliser et à les exprimer de manière constructive est capital pour s’épanouir. Leur impact (positif ou négatif) dépend de la manière dont nous les comprenons, gérons et vivons.

Une gestion saine des émotions, combinée à une communication ouverte, honnête et respectueuse, favorisent notre épanouissement et l’harmonie dans nos interactions sociales. Autrement, si l’on s’emporte trop impulsivement ou si on les ignore par exemple, nos émotions risquent de devenir oppressantes, des obstacles ou des sources de conflit.

Il y a notre émotion et notre réaction face à ce ressenti. La manière dont nous l’exprimons et l’intégrons à notre vie, déterminera si les conséquences seront bénéfiques ou nocives à notre bien-être et à la qualité de nos relations.

L’arbre de la gestion émotionnelle

Il s'agit d'une illustration d'un arbre, représentant les grandes étapes de la gestion émotionnelle.
  1. Racines : Identifier l’émotion
  2. Tronc : Canaliser et gérer sainement l’émotion
  3. Branches : Exprimer l’émotion de manière constructive
  4. Feuilles : Cultiver notre bien-être personnel et nos relations

    Une bonne gestion émotionnelle, permet de :

    Prendre des décisions plus justes, alignées avec nos valeurs
    Améliorer notre capacité à faire face aux situations difficiles
    Réduire notre stress et cultiver notre paix intérieure
    Communiquer plus efficacement avec les autres
    Cultiver des relations plus authentiques et harmonieuses

    Dans les prochains articles, découvre les techniques concrètes et les outils adaptés permettant de gérer efficacement nos émotions douloureuses :

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