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La souffrance fait partie intégrante de la vie, on ne peut pas l’éradiquer, mais on peut apprendre à lui faire face pour souffrir moins en fréquence, durée et intensité.

La tristesse est une réaction émotionnelle normale, inévitable et nécessaire face à des situations douloureuses. Elle nous permet d’intégrer et d’accepter une perte, une grande déception, etc. Si on n’évacue pas notre tristesse et qu’on l’enfouit en nous, elle pèsera sur nous (déprime voire dépression).

Il est essentiel d’être attentif(ive) à la tristesse que l’on peut ressentir, ainsi qu’à l’ensemble de nos émotions, à nos pensées, sensations corporelles et à notre état d’esprit, comportements et paroles car ils sont étroitement liés et interdépendants.

SES ORIGINES

On éprouve souvent de la tristesse, lorsque l’on vit notamment :

  • Une perte : le décès d’un être cher, une séparation, la perte d’un emploi ou un rêve qui s’éloigne, une perte profonde de repères, etc.
  • Une déception, un échec : on peut être déçu(e) de soi (résultat inférieur à nos attentes, comportement dont on n’est pas fier(ère)), déçu(e) d’autres personnes (trahison, désillusion, comportement petit, etc.) et/ou déçu(e) par une réalité qui n’est pas celle espérée.
  • Un besoin non satisfait : se sentir seul(e), incompris(e), peu ou pas soutenu(e), très stressé(e), se comparer constamment aux autres, se sentir inférieur(e) à autrui et en souffrir.
  • Une frustration : face à un manque ou à une limite, à quelque chose que l’on ne peut pas changer, à un désir ou objectif que l’on ne peut pas atteindre et/ou à une situation qui nous semble injuste.
  • Un changement brutal : une transformation qui bouleverse notre équilibre, une épreuve douloureuse à surmonter, un choc émotionnel, un traumatisme…
  • Des souvenirs douloureux : rejouer la scène d’un événement ou d’une situation difficile qui nous hante, ruminer quelque chose de négatif…
  • De la fatigue : notre manque de sommeil pèse souvent sur nos pensées qui deviennent négatives. En effet, notre cerveau libère moins de dopamine (hormone du plaisir) quand on est fatigué(e).
  • Un crash de dopamine : quand notre stock de dopamine est épuisé, on n’a pas le moral, on broie du noir. On doit attendre plusieurs jours que notre cerveau produise cette hormone, pour ressentir à nouveau du plaisir.

« Pour éviter de voir tout en noir inutilement,
Ne fais jamais le point sur ta vie, sur tes relations et sur toi-même
Quand tu es fatigué(e) ! »

– Justine –

Ses bienfaits

On cherche souvent à fuir la tristesse, pourtant elle a de nombreux avantages :

Elle encourage l’introspection.
La tristesse nous permet de prendre du recul, de ralentir et de faire le point sur ce qui est important pour nous, pour mieux comprendre nos besoins, nos valeurs, nos blessures émotionnelles et nos limites, ainsi que de nous aligner à la vie qui nous correspond vraiment.

Elle renforce notre lien aux autres.
Quand on est triste, on peut avoir envie de s’isoler. Or, s’ouvrir aux personnes de confiance est l’occasion de se sentir moins seul(e) dans notre souffrance et de construire de belles relations authentiques et profondes, en bénéficiant de leur écoute empathique et de leur soutien.

Elle peut motiver le changement.
Parfois, on a besoin de toucher le fond pour changer ce qui ne nous convient pas, plutôt que de continuer à subir passivement la situation. Ainsi, notre insatisfaction profonde est le moteur qui nous pousse à améliorer les choses et à tourner la page.

Elle libère par les larmes.
Quand on pleure, notre tristesse circule, ce qui libère du cortisol, notre hormone du stress. Grâce à nos larmes, notre stress émotionnel s’en va et notre douleur s’apaise.

Elle favorise la guérison.
Accepter de ressentir notre tristesse nous permet de faire face à ce que la situation soulève en nous de vulnérable, c’est-à-dire : nos blessures (trahison, abandon, rejet, injustice, humiliation), nos déclencheurs émotionnels, nos croyances limitantes (« Je ne suis pas à la hauteur… », « Je ne mérite pas l’amour/de réussir… », « Je suis trop nul(le)/bête… », etc.).

Elle aide à faire le deuil.
La tristesse fait partie du processus qui permet, avec le temps, de se sentir mieux en acceptant la situation difficile qui ne peut être changée jusqu’à se sentir prêt(e) à faire notre deuil. Elle est en effet l’une des étapes inévitables du deuil, qu’il s’agisse de la perte d’un(e) proche, de la fin d’une relation, d’un travail, d’une phase de notre vie…

Il s'agit de la courbe du deuil illustrant les différentes étapes et phases de ce processus.

Les étapes du deuil

Comment souffrir moins ?

La vie est faite de hauts et de bas inévitables. Selon la situation, la manière d’apaiser notre tristesse sera différente. Il n’y a pas de recette miracle contre nos malheurs, en revanche certains outils et pratiques nous permettent de souffrir moins en fréquence, en durée et en intensité.

Accepter de ressentir nos émotions douloureuses est nécessaire pour s’en libérer. Pour cela, nous devons les accueillir sans les juger, pour les ressentir pleinement. Lutter contre notre tristesse, la minimiser ou l’ignorer amplifie et prolonge notre souffrance.

En effet :

« Tout ce à quoi l’on résiste, persiste.
Tout ce que l’on embrasse, s’efface. »

– Carl Gustav Jung –

OUTILS

Avant tout, pour aller mieux, veillons à apporter à notre corps et à notre esprit l’énergie dont ils ont besoin pour bien fonctionner. C’est-à-dire dormir en moyenne 7 à 9h/nuit, se nourrir de manière saine et équilibrée, faire régulièrement de l’exercice physique qui libère des endorphines (nos antidépresseurs naturels), bien respirer, etc.

Parmi les outils apaisant la tristesse, il y a :

Dialogue interne

Je soigne mon dialogue interne en me répétant : « Ma souffrance ne durera pas. », « Je ressens de la tristesse et c’est OK, elle a le droit d’exister. »
J’évite les phrases négatives, dévalorisantes, qui entretiennent ma tristesse, telles que : « Je ne m’en sortirai jamais… », « Je suis trop sensible… », « C’est toujours à moi que ça arrive ! », « Je n’ai jamais de chance… », etc.
Ainsi, j’accueille ma souffrance, tout en cultivant l’état d’esprit qui me permettra d’aller mieux.

Sit with it

Dans un endroit calme sans distraction, où je me sens bien et en sécurité, je m’assieds avec mes émotions et sentiments difficiles, sans chercher à changer mon état. Au contraire, je prends conscience de ma tristesse et ressens pleinement ce qui est là. Bien que désagréable, j’accueille mon état sans le juger, avec curiosité :
Quelles sont les sensations que je ressens ? Où sont-elles dans mon corps ? Quelle(s) forme(s) ont-elles ? Est-ce une tension, une douleur, un poids, une sensation de vide, un tiraillement, une oppression ? Je place ma main où je ressens l’émotion, puis je respire profondément en conscience, à cet endroit-là. Ainsi, je ressens pleinement mes émotions et prends le temps nécessaire pour laisser cette tempête passer.

M’autoriser à pleurer

J’évacue mes larmes au lieu de les contenir, car pleurer permet de libérer du cortisol (notre hormone du stress) et d’aller mieux.

Se mettre en mouvement

Je prends l’habitude de m’obliger à bouger, comme sortir marcher dès que je me sens triste, pour faire circuler ma tristesse.
Pour éviter d’entretenir mon mal-être, je me tiens droit(e), avec une posture ouverte et regarde vers le haut plutôt que vers le bas.

Journaling

J’écris spontanément mes états d’âme sur une feuille. Sans réfléchir, je décris ce que je ressens et tout ce qui me passe par la tête. Mettre des mots sur ce que je vis intérieurement me permet d’extérioriser mes ressentis, mes pensées, de prendre conscience de ce qui se joue en moi et de m’en libérer.
Puis, je peux relire ou non mes notes et évacuer symboliquement ces charges en brûlant la feuille si j’en ai envie.

Me confier

Parler à une personne de confiance (ami(e), famille, thérapeute), pour exprimer ce que j’ai sur le cœur m’aidera à vider mon sac émotionnel et à améliorer mon état. Quand on est triste, être entouré(e) et soutenu(e) est crucial. Parler de mes peines m’aide à mieux comprendre ma souffrance. Si je traverse une période difficile, que je suis déprimé(e) et/ou en dépression, un accompagnement par un(e) thérapeute (TCC, psychiatre, etc.) est très efficace pour aller mieux. En cas de détresse et/ou de pensées suicidaires, je contacte un organisme de soutien confidentiel comme « La Main Tendue » en Suisse, en appelant le 143 de jour comme de nuit.

Transformer ma souffrance positivement

L’objectif est de tirer des leçons constructives des épreuves douloureuses, de leur donner un sens, afin de passer de la souffrance à la beauté et à la sérénité.

a. J’incarne : « Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. », en trouvant la force de transformer mes épreuves douloureuses en une opportunité d’évoluer et/ou de contribuer positivement au monde.
Par exemple, si je perds un(e) enfant ou mon/ma conjoint(e), je peux vivre de la manière dont il/elle aurait aimé que je le fasse, plutôt que de m’empêcher d’être heureux(se). Si la personne était atteinte d’un cancer, je peux aider à lutter contre cette maladie. Si je vis une rupture douloureuse, j’évalue ma part de responsabilité.

b. L’expression créative
Le fait de créer est profondément transformateur, thérapeutique et libérateur. Ainsi, j’exprime ce qui se passe en moi de manière créative (dessin, peinture, danse, musique, écriture…).

c. 3-5 gratitudes/jour
Pour booster mon moral et contrer notre tendance naturelle à la négativité, je note chaque jour 3 à 5 choses qui vont bien : « Je suis reconnaissant(e) de… », « Je remercie [cette personne/mon corps, etc.] de/pour… ».
Si cette épreuve douloureuse m’a fait évoluer, je note ses bénéfices. Face à la perte d’un être cher, je remercie la vie d’avoir eu la chance de connaître cette personne, d’avoir vécu cette belle relation.

Respiration antidéprime

En médecine chinoise, l’organe associé à la tristesse sont les poumons. Des études suggèrent d’ailleurs que la tristesse pourrait avoir un impact sur la respiration et la santé pulmonaire.
Pratiquer des exercices de respiration m’aidera à aller mieux. Par exemple, si je sens :
Un vide intérieur : j’inspire 5 secondes et expire 7 secondes (5X).
Un poids en moi : j’expire 7 secondes et expire 5 secondes (5X).
Durant l’exercice, je me concentre sur les cycles de ma respiration et relaxe mon corps (épaules, mâchoire, muscles).

Routines self-care

Je prends soin de mon système nerveux en me créant des moments qui me font du bien, des routines réconfortantes, dans lesquelles je me chouchoute : je prends un bain chaud, regarde un film que j’aime, vais voir/appelle une personne aimante, je lis, je fais des activités qui me font plaisir et qui sont bonnes pour mon moral.

En résumé, atténuer notre tristesse est possible avec du temps et de la persévérance, en mettant en pratique ces différents outils. Chaque personne étant différente, l’idéal est de tester chacun de ces outils et de voir ce qui nous aide le plus en fonction de la situation.

Apprendre à accompagner autant que possible les bas inévitables de la vie permet de moins les subir et de (re)trouver notre paix intérieure et notre bien-être plus rapidement.

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