12 erreurs de pensée

par | 25 Mar 2021 | Discernement

TEMPS DE LECTURE : 7 minutes

La réalité est altérée par nos croyances socio-culturelles et personnelles. En effet, si l’information est captée de manière universelle par les 5 sens de l’Homme, chacun traite différemment ces données. Ce processus constitue notre réalité subjective. Le sujet attribue une signification déformée à un événement, à une chose ou à un comportement. Ainsi, ma réalité n’est donc en vérité que mon interprétation de la réalité absolue.

A contrario, la réalité est objective lorsqu’elle « s’impose à l’esprit indépendamment de toute interprétation, elle ne fait pas intervenir d’éléments affectifs, de facteurs personnels dans ses jugements. » (Larousse)

Le défi intellectuel de l’humain est de se rapprocher au mieux de la réalité en adoptant un raisonnement clair et fidèle à l’essence même de l’objet.

Le discernement est justement la faculté de l’esprit à évaluer les choses et les situations avec clarté et santé. Il lui faut pour ce faire, éviter tout mécanisme de déformation de l’information et ainsi limiter les erreurs de raisonnement. Cette approche, nommée « distorsion cognitive », provient du psychiatre Aaron T. Beck, qui démontra qu’un mauvais raisonnement provoquait souvent des effets émotionnels néfastes, tels que la dépression, l’anxiété et les troubles de la personnalité.

Bien raisonner, c’est-à-dire d’une manière fidèle et fonctionnelle, améliore notre santé morale et psychique, mais aussi la qualité de nos relations avec l’extérieur. En effet, nos interactions avec les autres sont intimement liées à la qualité de nos dialogues intérieurs. Ceux-ci correspondent à mon système de pensées, à mes croyances.

Des perceptions différentes.

En effet, à en croire Bouddha :

« Ce que tu penses, tu le deviens, ce que tu ressens, tu l’attires,
ce que tu imagines, tu le crées. »

Alors, pour se façonner une vie sur mesure, choisissons soigneusement nos pensées.

Le sens que l’on donne à nos expériences détermine notre état moral. Selon ce que l’on se raconte sur un événement donné, cela peut engendrer déprime, voire dépression ou au contraire, bonheur, sérénité et positivité.

12 DISTORSIONS COGNITIVES À ÉVITER

Parmi cette liste, repérons nos tendances pour les déjouer :

  1. LA PENSÉE « TOUT OU RIEN » OU « NOIR OU BLANC »
    C’est la tendance à penser de façon extrême : tout ou rien, jamais ou toujours, c’est comme cela et pas autrement, bon ou mauvais… Les nuances n’ont pas leur place. La pensée dichotomique s’active surtout dans les situations touchant nos zones de vulnérabilité. Exemple : « Je fais toujours tout pour tout le monde et personne ne fait jamais rien pour moi. » Se questionner : « Toujours, vraiment « toujours » ? » « Jamais, vraiment « jamais » ? » L’objectif est de réaliser que les choses ne sont pas si fatales, ni binaires.
  2. LA SURGÉNÉRALISATION
    Tirer des conclusions hâtives et excessivement générales, sur la base de preuves insuffisantes. Il s’agit d’être persuadé(e) qu’un scénario catastrophe est inévitable. Même si un échec (ou toute autre expérience négative) ne s’est produit qu’une seule fois, on s’attend à ce qu’il se reproduise systématiquement et indéfiniment. L’issue nous semble ainsi figée, inévitable. Exemple : Affirmer que « les hommes sont tous manipulateurs » parce que je n’ai connu que ce profil. Objectif : Trouver au moins 3 contre-exemples. Les situations ne sont pas systématiquement négatives et les schémas négatifs sont évitables. Commencer par cesser ses distorsions cognitives et remplacer ses comportements limitants répétitifs, qui sont problématiques. Dans ce cas de figure, la personne peut apprendre à repérer les profils de manipulateurs pour les fuir, ainsi que chercher à comprendre pourquoi elle est attirée par ces individus qui entrent dans des jeux psychologiques avec elle, puis renoncer à ce type de relation, pour prendre exemple sur un couple qu’elle admire vraiment.
  3. LA FILTRATION
    C’est une tendance, dans une situation, à ne s’attarder que sur des détails négatifs et à ne pas repérer le positif, ce qui amène à noircir tout le tableau. Exemple : Lors d’une évaluation de fin d’année, on reçoit une montagne de compliments et un tout petit axe d’amélioration. Or, notre attention reste focalisée sur cette unique critique négative. Dans un couple, la situation peut également s’appliquer aisément. Objectif : Repérer cette habitude et trouver les avantages procurés par la réduction du négatif, puis fixer davantage mon attention sur le positif.
  4. LE POSITIF DISQUALIFIÉ
    Il s’agit de la manie qui consiste à considérer que le positif ne compte pas. Les personnes ayant tendance à disqualifier le positif souffrent d’une mauvaise estime personnelle et ruminent souvent le négatif. Elles se dévalorisent constamment et ne voient pas ce qu’elles font de positif. Puisqu’elles se trouvent nulles, elles minimisent les compliments, voire ne les entendent même pas. Elles se disent intérieurement des choses telles que : « S’il me dit ça, c’est pour être gentil et me faire plaisir. »
  5. LA DRAMATISATION ET LA MINIMISATION
    C’est la tendance à intensifier le négatif et à diminuer le positif. Il s’agit d’accroître l’importance et la fréquence des erreurs et/ou des lacunes et d’amoindrir l’importance et la fréquence des succès. Les événements désagréables, mais banals, sont vécus comme dramatiques. L’accent est ainsi mis sur ce qui va mal et ce qui va bien est minimisé, voire pas relevé. Alors les réussites, les atouts, ainsi que les moments de bonheur sont banalisés. Avec un tel mode de pensée, la déprime est forcément fréquente.
  6. LA CONCLUSION HÂTIVE
    La fâcheuse tendance à tirer des conclusions hâtives (souvent négatives) à partir de peu d’évidences. Faire de la lecture de pensée d’autrui, interpréter ses ressentis ou encore expliquer ses comportements, sans les faire valider par la personne en question, représentent cette distorsion. L’erreur est d’affirmer avec conviction ce qui n’est que supposition. Commencer à demander ce que la personne se dit, ressent et les raisons de ses actions, plutôt que de les interpréter.
  7. LA PERSONNALISATION
    Il s’agit de penser à tort : « C’est ma faute si… » Se croire responsable d’événements fâcheux, hors de notre contrôle ; relier à tort à soi ce que les autres disent ou font. L’erreur est de prendre les choses trop personnellement, même si on n’est pas impliqué. Les enfants et personnes angoissées pensent souvent ainsi. Objectif : Prendre le temps de respirer, repérer ce qui est hors de notre atteinte et identifier les raisons pour lesquelles on n’y est pour rien. Puis, renforcer ses limites émotionnelles, pour se protéger de cette habitude néfaste et se répéter en mantra : « Ce n’est pas ma faute si… » Finalement, se rassurer en savourant ce que l’on a accompli de bien par le passé.
  8. LE RAISONNEMENT ÉMOTIONNEL
    C’est une confusion entre nos ressentis émotionnels et la réalité. Convaincu(e) que nos intuitions et ressentis sont justes, on les prend pour des preuves véritables. On pense : « Si je ressens ceci, c’est forcément juste. » Ainsi, la personne néglige le raisonnement factuel et logique. Exemple : Considérer sa peur comme une attestation du danger ou son impression d’être moche ou bête comme preuve que nous le sommes, ou encore de croire à certaines de nos pensées : « J’ai eu une intuition, je sais qu’il va me tromper. » Le risque est de se faire des films et d’accuser à tort, mais aussi de ne pas être crédible aux yeux des autres, ni pris au sérieux, car notre raisonnement n’est fondé sur aucune base tangible. Le danger est de décider sur la base d’émotions. Exemple : « La vulnérabilité et l’intimité font peur, alors elles sont dangereuses et je vais les fuir. » À cause de cette erreur de pensée, on n’affronte pas nos peurs et on limite notre vie. On passe à côté d’une histoire d’amour, on s’enferme dans un faux confort, on ne réalise pas nos rêves, etc.
  9. LES FAUSSES OBLIGATIONS — « IL FAUT »
    Il s’agit de croyances sur le sens du devoir, sur ce qui devrait être fait. Avoir des exigences sur ce que l’on devrait ou sur ce que les autres devraient faire. Ces attentes, lorsqu’elles ne sont pas comblées, sont propices au sentiment de culpabilité, de frustration, de colère et/ou de ressentiment envers autrui. Ainsi, le danger de cette distorsion est d’être trop exigeant envers soi-même et de ne pas s’autoriser plaisirs et bien-être, étant donné toutes les obligations ou responsabilités que l’on s’inflige. Par exemple : « Je devrais faire du sport. » ou « Il faut que j’accomplisse mes tâches. »
  10. L’ÉTIQUETAGE
    Se coller une étiquette impliquant un jugement négatif généralisé à outrance, plutôt que de décrire le comportement spécifique dont il est question. Par exemple, dire « je suis stupide » qualifie de « bête » l’intégralité de notre être, au lieu de mentionner le comportement spécifique : « J’ai obtenu une mauvaise note à mon examen. »
  11. LE BLÂME
    Tenir à tort les autres pour responsables de nos propres émotions ou, au contraire, se blâmer pour celles des autres.
  12. L’ILLUSION DE POUVOIR CHANGER AUTRUI
    C’est l’illusion que l’on puisse amener autrui à changer si l’on insiste, si on le choie suffisamment, ou si l’on agit d’une certaine manière. On cherche à changer les autres, refusant d’accepter la réalité telle qu’elle est, ou pour ne pas se changer soi-même. Cette distorsion est fréquente dans les relations sentimentales. Par exemple, une femme peut s’accrocher à la perspective que son petit ami, alcoolique, arrêtera de boire pour elle.
L'illusion de pouvoir changer autrui.

Pour structurer à nouveau un raisonnement sain et juste, il est nécessaire de repérer nos erreurs de pensées, puis de les remplacer.

Pour ce faire, je pratique quotidiennement la pleine présence, il s’agit d’être pleinement conscient de ses actions. Ainsi, je ralentis pour me donner l’espace de réaliser ce que je fais, dis, pense, ressens et les conséquences sur mon état d’esprit et émotionnel. De même, je prends conscience de ce qui se joue en moi lorsque j’interagis avec autrui. Comment est-ce que je réagis par rapport à ce que l’on me dit, puis face à tel autre comportement ? Comment est-ce que je me sens auprès de chaque personne ? J’apprends à repérer mes mécanismes intérieurs. Je me surprends lorsque je m’apprête à bondir, à passer de la réaction à la « pro-action ». Grâce à une bonne connaissance de mes besoins, je peux anticiper les problèmes et même les éviter en fixant mes limites en moi-même et avec autrui. Diminuer mes réactions impulsives amenuise ma souffrance, car mes besoins sont comblés et mon sentiment de liberté et d’épanouissement sont accrus.

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