Aider « oui », mais sans me sacrifier

par | 22 Oct 2020 | Empathie, Fixer ses limites

TEMPS DE LECTURE : 4 minutes

Dans le précédent article, nous avons vu qu’il est bénéfique de se méfier des mots et de constater les faits, surtout lorsque l’on est très empathique. Le second piège à éviter est celui du sacrifice. Chaque adulte a la responsabilité de se porter lui-même et de subvenir à ses propres besoins. Selon moi, seuls trois types de relations reposent sur l’amour inconditionnel. Il s’agit de l’amour d’un parent pour son enfant, d’une personne responsable envers une personne handicapée ou encore d’un humain pour son animal. Nous sommes responsables d’eux, car ils dépendent intégralement de nous et n’ont pas les ressources pour se prendre eux-mêmes en charge. Autrement, l’amour requiert des conditions. On se donne à l’être aimé, mais pas à n’importe quel prix. Aider signifie apporter son soutien à quelqu’un, lui être utile. Notre aide peut se manifester entre autres par une écoute, un conseil, un service. Elle doit être un choix et non pas une réaction automatique face au besoin. L’aide saine a une limite dans sa durée et dans sa fréquence. Un rapport équilibré est réciproque, il va dans les deux sens. Je dois aussi pouvoir m’appuyer sur la personne soutenue, lorsque je traverse moi-même des difficultés. Je ne m’oublie pas pour mon prochain et je ne me fais pas systématiquement passer au second plan face à autrui. Sinon cela devient du sacrifice et cela tend vers le pathologique. Évidemment, il y a des exceptions, par exemple le rôle de parent, pour lequel s’occuper de ses enfants en priorité est sa responsabilité. Choisir c’est renoncer. Nous savons qu’en devenant parent, nous aurons moins de temps pour nous et que nos nuits ne seront plus les mêmes. Heureusement que l’amour d’un parent pour son enfant est en principe inconditionnel !

Pour tout autre type de relation, l’aide est une merveilleuse qualité, quand elle est modérée. Elle consiste en un coup de pouce, une main tendue, mais on ne porte en aucun cas l’autre. Un soutien à sens unique, excessif et systématique, devient de l’abnégation. On s’oublie volontairement pour l’autre et, à terme, cela peut être dangereux pour soi-même. À force de négliger mes besoins et d’encaisser sans relâche, j’accumule une surcharge émotionnelle, qui se transformera tôt ou tard en frustration. Je finis par bouillonner de l’intérieur, jusqu’à en vouloir aux autres, alors qu’en réalité le problème vient de mon manque de limites.

Le sacrifice de soi correspond au fait de renoncer à ses envies, à ses besoins personnels, par amour ou pour un idéal. L’esprit de sacrifice se résume au don de soi, dans lequel on s’oublie totalement au profit des gens. C’est le besoin de se sentir indispensable aux yeux des autres. Généralement cette habitude naît dans notre petite enfance, lorsque le climat familial est tourmenté, par exemple par un membre alcoolique, drogué ou dépressif. Inconsciemment, l’enfant pourra chercher à « sauver » son proche de son addiction ou de sa maladie, sans jamais y parvenir bien sûr. Ainsi, l’esprit de sacrifice deviendra si habituel qu’il en fera sa seconde nature.

La finalité d’un tel comportement est d’obtenir l’attention des parents et de ressentir leur amour. L’enfant apprend qu’en faisant plaisir au parent, il obtient plus d’attention et se sent ainsi aimé.

Ce schéma accompagnera l’individu sa vie durant, jusqu’à ce qu’il en prenne conscience et décide de l’arrêter.

Citation_Nous sommes dignes d'amour parce que l'on est, sans avoir à faire.

Ce schéma se construit sur une confusion sur ce qu’est l’amour et sur la manière dont on le reçoit en retour. L’enfant apprend que pour obtenir attention et amour, il/elle doit s’oublier et subvenir aux besoins des autres. Et c’est ainsi qu’il sera à l’affût de victimes amis ou partenaires qu’il se dira pouvoir sauver. Les thérapies tournent souvent autour du syndrome du sauveur : « je fais tout pour tout le monde et je ne reçois jamais rien en retour ». Chercher à sauver autrui est voué à l’échec et mène tôt ou tard à des relations toxiques.

Pour briser ce schéma infernal, il est impératif de prendre conscience de sa tendance à sans cesse vouloir aider et « sauver » les « victimes ». Puis, comprendre et admettre que l’impulsion n’est pas un acte de pur altruisme, mais qu’il part d’un besoin de reconnaissance et de valorisation pour notre acte généreux. En effet, nul ne se sacrifie par pure bonté. Puis, apprendre ce qu’est le vrai amour et une aide saine.

D’après le livre Victime, bourreau ou sauveur : comment sortir du piège ? de Christel Petitcollin, une relation d’aide saine comporte ces 5 points-clés :

  1. La demande d’aide doit être clairement verbalisée
  2. L’offre d’aide doit être cadrée dans le contenu et dans le temps
  3. L’aide doit comporter une contrepartie
  4. Ne jamais faire plus de 50% du chemin
  5. L’aide doit viser le retour à l’autonomie

    Nous sommes dignes d’amour parce que l’on est, sans avoir à faire sinon c’est acheter les sentiments d’autrui, ce qui n’est pas de l’amour. On renforce son estime de soi : j’ai confiance en mes capacités et je sais que je peux renforcer ma vigilance, détecter et éviter les pièges, aider sainement, m’écouter, m’affirmer et exprimer clairement mes limites, m’assurer qu’elles soient respectées ou agir en conséquence.

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